La thrombose

En quelques chiffres

La maladie thromboembolique veineuse (phlébite, embolie pulmonaire) reste la 3ème cause de décès dans les pays développés, après les accidents cérébraux/cardiaques et les cancers. Mais peu de personnes connaissent les situations à risque et les moyens de prévention.

Thrombose : 150000 nouveaux cas par anTous les ans, environ 1 personne sur 1000 présente une thrombose veineuse.
Soit 150 000 nouveaux cas par an en France.

Thrombose : 1 personne sur 101 personne sur 10 souffrant d’embolie pulmonaire risquerait le décès en l’absence de traitement.

Thrombose : 1 chirurgie lourde sur 3 et 1 grossesse sur 10001 chirurgie lourde sur 3 et 1 grossesse sur 1000 risquent de se compliquer sans prévention adéquate de la thrombose.

Evaluez votre risque de thrombose

La maladie thromboembolique veineuse est un terme médical qui correspond à la formation d’un caillot sanguin dans une veine, le plus souvent au niveau des jambes, appelée « phlébite ou thrombose veineuse profonde » qui peut, dans certaines circonstances, se détacher et se loger secondairement au niveau de l’artère pulmonaire appelé alors « embolie pulmonaire ».
Les opérations chirurgicales et toutes circonstances provoquant l’immobilisation d’un sujet augmentent le risque de thrombose veineuse.

Les signes cliniques

Une phlébite ou embolie pulmonaire peut survenir sans aucun signe clinique mais dans la plupart des cas, on peut observer les signes suivants (liste non exhaustive).
Dans le doute, consultez votre médecin.

PHLÉBITE

  • Douleur inexpliquée (le plus souvent au niveau d’une jambe)
  • Gonflement inexpliqué d’une jambe
  • Rougeur
  • Chaleur localisée

EMBOLIE PULMONAIRE

  • Éssoufflement inexpliqué
  • Douleur dans la poitrine
  • Le cœur qui bat anormalement vite
  • Malaise
  • Cracher du sang

Un meilleur retour veineux suppose un moindre risque de thrombose

Dans la vie de tous les jours, il existe des moyens simples de lutte contre le risque de thrombose veineuse. Une prévention efficace inclut la lutte contre l’obésité, la lutte contre la sédentarité et une bonne connaissance des situations à risque.

  • La marche :
    C’est la technique de prévention la plus efficace et la moins chère. L’incidence de thromboses veineuses est de l’ordre de 2% chez les patients hospitalisés capables de marcher dans les couloirs contre 12,5% chez les patients alités.
  • Les exercices musculaires :
    Il s’agit de mouvements des chevilles accélérant le retour veineux. Leur efficacité sur l’accélération du retour veineux est incontestable.
  • Surélévation des jambes :
    Une surélévation des jambes de 20 à 30 degrés active la circulation de retour. Attention : un examen cardiaque et l’élimination d’une artériopathie des membres inférieurs sont indispensables avant d’envisager cette installation. Demandez l’avis à votre médecin.
  • Compression veineuse :
    Dans des situations qui augmentent particulièrement le risque de thrombose comme certaines chirurgies, le port d’un plâtre ou d’une attelle…, un traitement préventif par anticoagulants peut être nécessaire.
    Parlez-en avec votre médecin.

thrombose prévention

Thrombose veineuse chez les sportifs de haut niveau

La plupart des gens pensent que la thrombose veineuse profonde (phlébite) et l’embolie pulmonaire sont des problèmes qui ne surviennent que chez les personnes âgées. En effet, ces maladies surviennent le plus souvent chez les personnes âgées et chez les adultes sédentaires et en surpoids, mais elles peuvent rarement survenir chez des sujets jeunes et sportifs.

 

Est-ce que les thromboses sont fréquentes chez les sportifs ?

Il n’y a pas d’étude scientifique comparant la fréquence des thromboses chez les sportifs et les sujets non-sportifs d’âge comparable.

Quels sont les mécanismes des thromboses chez les sportifs ?

Il existe très peu d’études explorant l’effet de l’entraînement sportif sur le système de coagulation. On sait que le taux sanguin de certains facteurs de coagulation, comme le facteur VIII, augmentent lors de l’effort physique, ce qui pourrait constituer un risque de thrombose chez les sportifs. Néanmoins, on sait également que le système fibrinolytique chargé d’éliminer les caillots est très actif chez les sujets qui pratiquent régulièrement un sport, ce qui pourrait constituer un effet protecteur contre le risque de thrombose. On manque d’informations sur l’impact de l’exercice physique régulier sur les mécanismes de formation de caillots.

Certains athlètes peuvent présenter un sur-risque de thrombose du fait d’une pince costo-claviculaire (responsable de la compression de la veine sous-clavière) ou d’un syndrome de Cockett ou d’une absence ou malformation de la veine cave inférieure.

Par ailleurs, différents facteurs de risque peuvent contribuer à la survenue de thrombose chez un sportif de haut niveau. Par exemple :

  1. Une prédisposition à générer plus facilement un caillot du fait d’une anomalie de coagulation, appelée également « thrombophilie ». Ces anomalies peuvent être héréditaires ou acquises ;
  2. Un traumatisme direct sur la paroi vasculaire ;
  3. Le retour du sang veineux des jambes vers le cœur peut devenir difficile en cas de position assise ou accroupie prolongée ;
  4. La déshydratation ainsi que l’usage d’érythropoïétine (EPO) augment l’hématocrite et la viscosité sanguine et facilitent la formation de caillot.

Problèmes de retard diagnostique chez les sportifs

Lorsqu’un sportif de haut niveau développe des signes cliniques de phlébite ou d’embolie pulmonaire, comme la douleur et l’œdème d’une jambe, l’essoufflement et/ou la douleur thoracique, le diagnostic peut être retardé car il n’est pas habituel de voir ces symptômes chez des sujets jeunes, en bonne santé et sportifs. D’autres diagnostics comme la tendinite, l’entorse de cheville, la déchirure musculaire peuvent être évoquées devant des signes de phlébite ou une bronchite ou douleur intercostale en cas de signes d’embolie pulmonaire. Quelques questions sont cruciales pour la suspicion de thrombose veineuse : Est-ce qu’il y a eu un alitement prolongé ou une hospitalisation récente ? Prise de contraceptif oral chez les femmes ? Y a-t-il des antécédents familiaux de thrombose ? Est-ce le sportif a eu un traumatisme ou immobilisation ou chirurgie récent(e) ?

Quelques questions spécifiques concernant la prise en charge des thromboses veineuses chez les sportifs

Suite au diagnostic de phlébite ou d’embolie pulmonaire, lorsqu’un traitement anticoagulant est initié, certaines questions se posent :

Pourrai-je continuer à pratiquer mon sport sous traitement anticoagulant?

Cela dépend de la discipline sportive pratiquée. Tout traitement anticoagulant augmente le risque hémorragique. Par conséquent, les sports de contact comme le rugby, les arts martiaux, la boxe, le ski, le basketball, le football etc. ne doivent pas être pratiqués pendant le traitement anticoagulant. Les sportifs pratiquant l’athlétisme, le trail, le cyclisme, le triathlon, la natation, le golf etc. peuvent poursuivre leurs activités sportives. Un plan de traitement personnalisé, adapté au sport pratiqué facilitera la reprise des entraînements et de la compétition.

Quand pourrai-je reprendre les entraînements?

Il n’y a pas de recommandation officielle sur la reprise des entraînements. Chaque patient est unique et un programme personnalisé selon la gravité de la thrombose, le sport pratiqué et l’état général du patient sera adapté. Il sera plus approprié d’éviter la pratique de sport les 2 premières semaines suivant le diagnostic afin de limiter le risque de détachement ou de fractionnement du caillot encore « frais » qui peut migrer du vaisseau d’un membre vers le poumon et générer une embolie pulmonaire. Les exercices de souplesse restent possibles durant ces deux premières semaines. Ensuite, le sportif de haut niveau peut progressivement augmenter son activité physique entre la 2ème et 4ème semaines et reprendre normalement ses entraînements à partir de la 4ème semaine, si le sport pratiqué est compatible avec le traitement anticoagulant.

En complément du traitement anticoagulant, le port d’une élasto-compression de force 3 est également conseillé afin de réduire le risque de syndrome post-trombotique.

Bibliographie

1. El-Sayed MS et al: Exercise and training effects on blood haemostasis in health and disease: an update. Sports Med2004;34(3):181-200. 2. Shrier I, Kahn SR: Effect of physical activity after recent deep venous thrombosis: a cohort study. Medicine and Science in Sports and Exercise2005;37: 630-634. 3. Roberts WO, Christie DM: Return to training and competition after deep venous calf thrombosis. Medicine and Science in Sports and Exercise1992;24:2-5.